Content Warning: Transphobie, Suicide, agression sexuelle, sexisme, PTSD, dépression
Avant je m'appelais Max, et depuis plusieurs temps je me sentais plus très à l'aise avec ce prénom pour plusieurs raisons:
- proche de mon deadname
- Trop associé aux personnes trans / trop de personnes trans le portent et c'est fatiguant
- Dans le monde des cis, juste Max, c'est bizarre. Du coup je disais souvent "Je m'appelle Maxine, mais Max c'est bien." Déjà j'aime le prénom Maxine, et même si je le trouve neutre, il est en réalité uniquement féminin dans le dictionnaire cis. Donc ça m'embêtait pour mon changement de prénom: Juste Max ? Si je demande Maxine, je vais probablement me le faire refuser, comment faire ?
Du coup j'ai changé pour Timothée, et à la fac, j'ai été inscrit sous Timothée. Et j'ai encore l'impression que quelque chose cloche et j'ai compris:
Pour les personnes cis, Timothée c'est 100% masculin. Du coup j'ai commencé à réaliser que le personnel administratif, les professeurs, s'attendront à voir quelqu'un qui ressemble à un mec en disant Timothée, mais je n'ai pas de passing. Je commence à avoir le sentiment qu'il faut que j'accélère les démarches, que je fasse tout pour passer, pour ressembler à un mec. Parce que j'ai beau m'appeler Timothée, on m'appelle encore Mademoiselle. Ma voix est trop aigüe et me trahi. Mon visage trop fin. Mon corps trop frêle.
Mais je ne veux pas être un homme. Quand j'ai commencé à m'interroger sur mon genre, j'ai abandonné une première fois en me disant que c'était sur que je n'étais pas un homme, donc par défaut, j'étais une femme. Découvrir la non binarité ça a été un soulagement énorme. Je n'avais pas à être soit l'un, soit l'autre, alors que je ne me retrouverai dans aucun des deux.
Je ne suis pas un homme parce qu'il est hors de question pour moi d'être un homme. Je ne peux pas être parmi ceux qui m'ont harcelé, agressé, abusé, je ne peux pas contribuer à ça, je déteste les hommes, je ne peux pas en être un. Mais je ne supporte pas d'être appelé par mon prénom de naissance ou genre au féminin. Pourtant je reste particulièrement attaché-e à ce que j'ai subi, ce que je subis, en tant que femme, ou du moins perçu-e femme
Parfois j'ai envie de tout abandonner, de me forcer à parler de moi au féminin, reprendre mon prénom de naissance, me rendre à l'évidence. C'est soit l'un soit l'autre. Je suis découragé-e. Peut être il faut alors que je me persuade d'être un homme, que j'entame des démarches pour des choses qui me font peur, dont je n'ai pas réellement envie, mais qui me garantiront peut être de ne plus entendre madame. Mais pour entendre Monsieur ? Je n'ai pas envie d'entendre monsieur non plus...
La seule solution qui me revient en boucle c'est qu'il est plus simple de mourir. je suis fatigué-e du militantisme qui me dit que je suis une femme qui n'a pas compris sa place dans le patriarcat ou bien un traitre complice qui n'a pas sa place dans le féminisme, alors que je subis tous les jours des micro-agressions, du sexisme, que j'ai été abusé-e, agressé-e sexuellement, que je vis avec des PTSD et une dépression en lien avec.
Je suis totalement perdu-e, je sais pas quoi faire. J'ai pas envie d'abandonner mais j'ai le sentiment que c'est le truc le plus simple à faire plutôt que de forcer une transition médicale que je ne souhaite pas, dont je ne suis pas prêt pour l'instant. et ne parlons même pas des moyens.
J'ai plus envie d'abandonner encore face à ton mon suivi psychiatrique, je suis fatigué-e que le corps médical ne parle que de ma transidentité plutôt que de mes problèmes psychiques, de ma dépression ou de mon autisme. J'ai le sentiment que je ne peux pas être psychiatrisé-e et trans à la fois, c'est trop d'un coup. Et pour le moment ma santé mentale m'importe plus que ma démarche de transition.
Je suis épuisé-e. Je suis découragé-e. J'ai le sentiment que je vais jamais y arriver.